Chaque mois Bertrand Mangin nous propose un temps d’échanges et de réflexion pour discuter de nos différents positionnements, selon nos différents coachés et leurs problématiques.

Le 25 mai 2022, notre Café Coach organisé par Co&Axial et animé par Bertrand MANGIN, portait sur le thème « Le coach est-il le sauveur de son coaché ?».

Vous êtes de ceux qui aiment revêtir le costume de super-héros ?
Depuis tout jeune, aider votre prochain est votre credo ?
Cette posture est certes très altruiste mais a-t-elle sa place dans le métier de coach ?

… voici quelques questions qui ont guidé nos réflexions, que nous vous invitons à découvrir dans cet article. Bonne lecture à vous !

 

Être un sauveur, ça veut dire quoi ?

La posture du sauveur est un concept issu de l’analyse transactionnelle, une théorie de la personnalité, des rapports sociaux et de la communication, créée dans les années 60 par Éric Berne. Elle fait partie d’une trilogie de postures schématisées dans la figure appelée le triangle dramatique ou triangle de Karpman.

Le rôle de sauveur est très gratifiant : il permet d’avoir une bonne image de soi et une bonne image auprès des autres. Par ailleurs, en endossant ce rôle, le sauveur est centré sur les besoins de l’autre. Cela le conduit, voir même l’aide, à oublier ses propres besoins insatisfaits. De plus, le triangle dramatique met en évidence que face au sauveur, la personne est placée en position de victime et en incapacité de résoudre seule ses problèmes.

 

Le sauveur rentre dans la relation daccompagnement par laide et le sauvetage de lautre.

 

Sauver vs coacher, une question de centre de gravité ?

Un sauveur est centré sur lui-même car il sauve l’autre avec sa carte du monde. Il se base sur sa propre interprétation de la situation de l’autre en fonction des échos que cette situation peut avoir avec sa propre vie. Il donne des conseils en se basant sur ses propres besoins et son histoire personnelle.

En prenant le rôle de sauveur, il positionne l’autre dans le rôle de victime. Dans cette posture, ce dernier aura plus de difficultés à cheminer vers la connaissance de soi et l’autonomie.

 

Sauver lautre cest lui enlever une part de sa responsabilité.

 

A contrario, un accompagnant est centré sur l’autre. Il se positionne ‘à côté’ de la personne pour capter ce qui est important pour elle à ce moment-là et l’accompagner à travailler dessus. La personne ressent qu’elle est au centre de l’attention, ce qui l’amène elle aussi à se centrer sur elle. Elle n’est alors plus en attente du sauvetage de l’autre. Elle est prête à avancer sur un chemin de développement personnel à la recherche d’un mieux-être.

 

Coacher c’est accompagner l’autre à prendre soin de lui.

 

Quels points de vigilance pour le coach ?

Quelques situations d’accompagnement peuvent être propices à l’apparition du sauveur… ouvrez l’œil !

… et lisez notre article sur la supervision.

Lorsqu’un client s’adresse à un coach, il est en demande. Parfois, il peut être psychologiquement ou physiquement dans une forme de détresse qui pourrait le conduire à se positionner d’emblée dans un rôle de victime.

Le client peut aussi naturellement positionner le coach dans la posture de sauveur en expliquant qu’il est à bout et qu’il a besoin de conseils.

Avant que la relation de confiance ne s’installe entre coach et coaché, un piège pour le coach serait de penser que la posture de sauveur permettrait de créer plus rapidement ce lien de confiance.

Ou bien encore, si la situation du coaché fait écho à une expérience similaire vécue par le coach. Il est alors important que ce dernier conserve sa metaposition et explore le monde de son coaché sans s’appuyer sur son propre vécu et risquer de basculer en position sauveur.

Dans ces différentes situations, le coach peut affirmer sa posture d’accompagnant en partageant le concept du triangle dramatique avec son client et en expliquant les dérives possibles. En tout état de cause, il doit prendre le risque de perdre le client si celui-ci affirme sa quête de conseils.

S’il pense qu’une transmission peut être utile à son client, il a également la possibilité de changer explicitement de casquette.  Il pourra par exemple proposer de passer en posture mentorat, notamment si la demande du client est liée à un domaine dans lequel il a une expertise. (lire notre article C’est quoi le coaching ?)

Par ailleurs, pour ne pas endosser le costume de sauveur, il est indispensable que le coach prenne soin de lui : s’il passe en position de sauveur c’est peut-être qu’il n’a pas encore réglé certaines choses chez lui…

 

Comment affirmer son positionnement d’accompagnant ?

La diversité des modes d’accompagnement (coach, sophrologue, sophrocoach, praticien en hypnose…), parfois associée à un titre de thérapeute (hypno thérapeute, psycho thérapeute…) peut amener un flou sur le positionnement du praticien. Par exemple, si l’accompagnant se présente en tant que thérapeute, le client peut se présenter en posture de patient victime, en attente d’être sauvé.

Pour palier à cette diversité et au manque de réglementation de la profession, le positionnement de l’accompagnant doit transparaitre clairement dans sa communication. Ainsi, en fonction de ses besoins et attentes, le client sera attiré ou non par le positionnement affiché.

Par ailleurs, le cadre que le coach va instaurer en début de relation est primordial. Il lui permettra d’affirmer et clarifier son positionnement, son mode d’accompagnement et ses attentes envers le client.

Enfin, on peut noter aussi que l’utilisation de l’humour peut aider. La victime est par défaut dans une forme de dramatisation de sa situation. Une touche d’humour peut être un levier pour dédramatiser la situation et dé-victimiser la personne. Ainsi par ricochet, le coach évite de glisser dans le mode sauveur.

 

Celui qui sauve une seule vie sauve le monde entier. – Le Talmud

 

Si le coach n’est pas un sauveur, qu’est-ce qu’il est ?

En tant que coach, nous avons choisi ce métier non pas pour sauver l’autre mais pour

L’accompagner en étant à ses côtés

Être un facilitateur qui lui permet de passer de la réaction à la création et à l’action

Jouer le rôle de catalyseur : stimulateur de réflexion, facilitateur de prise de conscience, révélateur de ressource et déclencheur de mouvement

 

« Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que lui donner un poisson. » – Confucius

 

 

 

 

Nous sommes heureux de vous partager ces quelques lignes et nous espérons qu’elles vous seront utiles.

Article écrit par Nathalie CORTI à l’issue du Café Coach le 25 mai 2022 sur le thème “Le coach est-il un sauveur ?”. Le Café Coach est un événement mensuel entre les coachs membres du réseau Co&axial et animé par Bertrand MANGIN.

 

 

 

Quelques citations

« Si vous attendez le sauveur, j’ai une nouvelle, le sauveur c’est vous !. » – Franck Ntasamara (internaute)

« Un sauveur se sauve quand il a pris conscience qu’avant de sauver les autres il faut se sauver lui » – Patrick Louis Richard (internaute)

 

Participants au café coach, par ordre alphabétique

Christine BOUKHARI, Nathalie CORTI, Hélène COUTAND, Bertrand MANGIN, Magali MORBELLI.

 

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