Remettre l’humain au centre des espaces de vie au travail, donner du sens commun au tiers lieux thématisés qui favorisent la volonté d’une émulsion collective, travailler en synergie, faire circuler l’énergie du collectif… tels sont les enjeux qui nous paraissent essentiels et que nous souhaitons évoquer avec vous dans cet article. Une invitation à la réflexion, qui nous parait importante et encore plus en cette période de distanciation sociale.

Mais comment rester proches à distance ?

Article rédigé par Marie Vaz, Marie-Blanche Pennington et Cyril Montero 

A l’origine pourquoi un espace partagé ?

Pour débuter notre réflexion et répondre progressivement à la question précitée, nous vous proposons un voyage dans le temps et dans l’espace !

Les ateliers un espace partagé d’apprentissage

Savez-vous que le coworking trouve ses racines dans les monastères de l’époque féodale ? La communauté religieuse partageait ses connaissances et ses activités dans la bibliothèque, seule pièce chauffée.

Mais c’est au XVe siècle, au coeur de l’Italie de Léonard de Vinci, que naissent les premiers espaces de travail partagés et pluridisciplinaires.

Dans l’atelier florentin, des artisans, ingénieurs, mathématiciens, anatomistes, bâtisseurs, artistes s’y réunissent autour du « Maître », un artiste de renom. Ce dernier repère de nouveaux talents, favorise les liens et forme de jeunes artistes…

Ainsi se développe l’esprit de créativité et de collaboration. Ils partagent leurs expériences et le dialogue œuvre à définir des valeurs esthétiques et expressives, mais également sociales et économiques, car il est important de concrétiser ces idées en y donnant corps et réalité.

« Les ateliers florentins » étaient des pépinières de créativité et d’innovation où se mêlaient les rêves, les passions et les projets. » (Piero Formica)

Au XVIIIe siècle l’économiste napolitain Ferdinando Galiani assurait que « la qualité du réseau – c’est à dire l’intelligence cumulée des individus et des entreprises possédant une gamme hétérogène de compétences et de capacités – est la clé de l’innovation. »

Ce sont les origines des workshops et autres espaces de création collaborative.

L’atelier d’artistes naît au début du XXe siècle. Cet espace de travail, et, accessoirement, le logement d’un artiste, rassemble des gens de tous horizons aux compétences bien différentes.

C’est le lieu idéal d’apprentissage de pair à pair où se mêlent qualité technique et univers créatif. Les ressources matérielles, techniques et intellectuelles y sont mutualisées.

L’atelier permet à la fois l’individualisation de la pratique et la production d’une réflexion collective ouvert sur le monde de demain tel que nous pouvons les expérimenter lors des SocioLab du réseau Co&axial.

Véritables outils d’innovations, intellectuels, sociaux et artistiques, l’atelier est une couveuse d’idées d’une efficacité prodigieuse.

Les open spaces un espace partagé décloisonné

L’intention du premier open space, né en 1906 à New York, est de permettre et faciliter la supervision et le contrôle des salariés par leurs managers.

Dans les années 50, les frères Schnelle imaginent le « bureau paysager », des espaces généreux, sans cloison, agrémentés de nombres plantes vertes.

Mais c’est en 1958 que l’architecte Mies Van Der Rohe dessine le Seagram Building à New York. Dans ce gratte-ciel vont naître les open spaces permettant d’augmenter la superficie des bureaux à faibles coûts. L’intérêt économique de ces espaces de travail est le moteur de leur développement.

Les années 1980, l’âge d’or de l’open space, voient apparaître d’immenses plateaux décloisonnés, facilement réaménageables. L’open space est vu comme l’espace collaboratif communiquant par excellence. Il renforcerait la productivité des équipes et favoriserait la réactivité des salariés tout en facilitant le travail d’équipe.

L’open space devait permettre de créer plus aisément des liens avec les collègues, peut être source d’émulation professionnelle. Et pourtant…

Pour les salariés, l’open space devient rapidement synonyme de nuisance sonore, de manque d’intimité, voire de danger. Ce lieu ne facilite pas la concentration et est source potentielle de stress et de fatigue.

Son objectif collaboratif n’est pas atteint, au contraire : le stress et burn-out guettent… sans compter la transmission des microbes…

Les espaces partagés de co working

Le mot « coworking » a été inventé par l’écrivain et créateur de jeux Bernie De Koven en 1999. Il désigne une méthode qui favorise le travail collaboratif dans une perspective non-compétitive et autonome. Nous retrouvons dans ce modèle, les valeurs de base des ateliers : la collaboration, le partage, l’autonomie.

Le C-base, créé en 1995 à Berlin, est le précurseur des espaces de coworking actuels. Il rassemble des passionnés de la technologie pour travailler et échanger dans un cadre libre et ouvert.

En 2005, le premier véritable espace de coworking est inauguré à San Francisco par le programmeur Brad Neuberg, suivi de près par la Hat Factory co-fondée par Chris Messina l’nventeur du #hashtag sur Twitter.

Le coworking se développe partout dans le monde, à commencer par les capitales.

Dans un premier temps, ce sont les travailleurs indépendants qui s’inscrivent dans le mouvement, puis les jeunes startups. Vous pouvez vous y retrouver pour rompre la solitude et l’isolement que procure le développement d’une activité chez soi.

Ray Oldenburg, sociologue américain,  le définit comme « un lieu où l’on prend plaisir à se rassembler, où l’on tient des conversations, où l’on échange. Une sorte d’agora, publique ou privée, un café du commerce, ou comme dans son temps le lavoir. »

Au-delà de partager des espaces communs, opter pour le coworking vous permet de ne pas avoir à supporter le coût d’une location de bureau, de mutualiser les outils et optimiser l’utilisation des ressources.

Aujourd’hui, un espace de coworking se définit par son accessibilité et sa communauté.

Il est au service des travailleurs, il doit être accessible, par sa localisation, ses horaires, son prix.

Il rassemble les travailleurs de la communauté autour de valeurs communes ayant envie de partager leur expérience et soutenir celle des autres. Mais il apporte également un service, de la simple conciergerie à l’animation du lieu par des formations, des réunions thématiques…

 Aujourd’hui quelle espérance de vie des espaces partagés ?

A l’heure où la COVID vient remettre en conscience l’espérance de vie et nous impose une distanciation sociale, ainsi que le port du masque, nous vous proposons de poser notre regard sur l’évolution des espaces partagés. Seront-ils viables à long terme et si oui comment ?

Corpo-working un espace corporate ouvert 

Quelles sont les solutions pour que ça marche ?

Le corpo-working, un concept naissant et innovant ! C’est un espace atypique, sans bureaux attitrés, qui prend sa place dans les locaux de l’entreprise. Un décloisonnement, qui peuvent faire penser à une ruche, qui favorise les échanges. Chaque salarié y vient spontanément quand il veut et le temps qu’il veut ! mais pas que… puisque ces espaces sont ouverts aussi aux intervenants extérieurs. Un espace de travail où souffle un vent de liberté, qui favorisent l’innovation et casse les routines.

Vous l’aurez compris, le corpo-working fait partie des nouvelles démarches RH d’une entreprise. Une démarche innovante, qui se prépare tant humainement, qu’en terme d’espace (équipements, décoration, agencement…) et d’animation, afin d’orchestrer la vie de ces espaces.

Le corpo-working bien plus qu’un  simple espace de travail partagé : une valeur-clé de l’entreprise !

Le Lab au cœur des espaces collaboratifs 

Rien de tel qu’une fibre de sociologue pour imaginer un concept qualifiant un autre espace que celui du travail et  du domicile : le Tiers lieu.

C’est en fin des années 90, que cette idée de FabLab va faire son apparition au sein du Massachusetts Institute of Technology (MIT) grâce à Neil Gershenfeld, informaticien et physicien, pour répondre aux besoins des communautés.

Si vous n’aviez pas entendu parler du terme de FabLab ou Lab, c’est normal! Le premier FabLab est apparu en France à la fin des années 2000, à Toulouse avec l’Artilect FabLab en 2009, précisément.

Ce concept repose véritablement sur la notion de partage libre d’espaces, de machines, de compétences et de savoirs. Partage libre, liberté… ça résonnerait presque avec… l’état d’esprit artistique et c’est ainsi que nous revenons tout doucement à certaines valeurs qui caractérisaient les ateliers d’artiste !

Que vous soyez salarié(e) d’une entreprise ou free lance, au delà de ce que nous avons identifié au dessus, le FabLAB peut vous permettre de :

  • Exprimer votre créativité
  • Tester un projet avec les autres
  • Échanger des idées avec les autre services (de votre entreprise) pour activer l’intelligence collective et renforcer la convivialité…

Liberté, partage, échanges, créativité, intelligence collective : tout le monde n’a pas forcément la chance ou l’opportunité de les expérimenter dans sa vie professionnelle, mais ça ne signifie pas que ce soit hors de portée. D’autant plus, avec l’intervention d’un coach pour accompagner votre entreprise ou…vous !

Après cette vision colorée et inspirante, nous allons aborder un autre concept d’espace de co-working avec une consonance plus pragmatique et innovante, que nous confronterons à la problématique à laquelle nous avons à faire face depuis ce mois de Mars 2020.

Quid Covid dans les espaces en Flex-office 

Flex Office (ou bureau flexible ) : concept totalement adapté à l’aube du 21e siècle, ou la combinaison de l’ordinateur « portable » et du téléphone « mobile » a permis de rendre de plus en plus nomade les salariés, pour abandonner progressivement leur sédentarité .

Concrètement, là où « traditionnellement » chacun(e) dispose de son bureau et de son espace personnalisé ( bureau individuel ou Open Space), le Flex Office bouscule ces habitudes pour encourager les salariés à bouger, partager et s’adapter en fonction de leur mission, du moment de la journée, etc..

Si ce concept a de plus en plus de succès depuis quelques années, c’est que les entreprises ont eu à faire le constat que la vacance moyenne des bureaux est de 40% en moyenne, en grande partie liée aux déplacements, congés ou arrêts maladie.

Du point de vue de l’entreprise, le Flex Office permet donc à la fois l’optimisation de l’espace ainsi que des économies, à l’heure ou l’immobilier n’est pas sur une pente descendante.

Coté salariés, les points de vue divergent forcément et c’est là que nous pouvons rencontrer les limites de ce concept innovant mais peut-être pas adapté pour tout le monde.

Si certain(e)s y voient l’opportunité de sortir de la routine, de gagner en liberté, en mobilité et en…oxygène, pour d’autres un manque de repères peut se faire sentir et provoquer une baisse de motivation voire de véritable mal être.

Si par son dynamisme et son management bienveillant l’entreprise peut contribuer à accompagner ces salariés en difficulté, l’intervention d’un coach professionnel peut permettre de transformer ce point de vue afin de retrouver de la motivation, et ce n’est qu’un point parmi d’autres.

Et si justement, nous vous proposions un exercice simple à mettre en pratique, permettant de remettre si besoin, de l’humain et de la créativité au sein de votre entreprise : le Brain Drawing.

Enfin, et parce que la situation que nous impose le COVID a des répercussions sur nos modes de vie, personnelles et professionnelles, c’est bien une contrainte réelle auxquelles les entreprises doivent faire face, et vous sentez bien qu’en ce qui concerne le maintien du Flex Office, le challenge est de taille : désinfection systématique des lieux partagés, distanciation, etc…

Nous vous en dirons plus dans l’article suivant !

Sources :

Cette publication fait suite à une réflexion menée en intelligence collective au sein du réseau Co&axial.  Nous remercions chacun des membres ayant participé à ces échanges, pour leur contribution.

Par ordre alphabétique :

Ingrid Bertina-Leguay, Isabelle Charles, Nathalie Corti, Émilie Depoux, Catherine Estadieu-Grabowski, Cyril Montero, Marie-Blanche Pennington, Jessica Rivierre, Paola Spaventa, Marie VAZ, Laurence Veauvy et Céline Vilbert

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