Qui n’a pas ressenti d’inquiétude ou de peur à l’écoute des chiffres annoncés dans les médias, des décisions professionnelles, des témoignages de proches ? ou de la colère ou de la frustration en étant privé de liberté d’actions ou face à des injustices ? et de la joie en observant un sourire, en prenant le temps de découvrir, en se sentant utile ?

Un contexte distinct et des émotions différentes

Chacun(e) d’entre nous aura vécu cette période de confinement due au Covid-19 d’une manière différente selon son environnement :

  • Familial : seul(e), en couple, avec ou sans enfant (un ou plusieurs), monoparental(e), école des enfants à distance, conjoint(e) dit(e) « à risque » ou pas, deuil d’un parent, d’un proche,
  • Logement : petit appartement au 4ème étage d’une grande ville ou maison de campagne en province avec grand jardin,
  • Professionnel : chômage partiel, télétravail ou sur site (en 1ère ligne, 2ème ligne ou 3ème ligne face au risque de contagion),
  • Relationnel et social : solitude vécue ou ressentie, violence(s), maintien du lien social à distance à travers des apéros zooms, des actions de solidarité auprès des personnes les plus fragiles ou précaires.

Autant de configurations variées qui nous aurons fait vivre un cocktail d’émotions parfois mêlées.

La douleur du deuil

Le virus a fait un grand nombre de victimes et plongé leurs proches dans la douleur de la perte d’un être cher. Le chaos de cette crise sanitaire a aussi provoqué d’autres formes de deuils : isolement des plus fragiles, distanciation physique, festivités interdites, perte de travail, diminution de revenus…

Toutes ces situations ont profondément impacté notre santé, notamment sur le plan émotionnel. Comment reprendre le cours « normal » de notre vie après de tels événements ?

« Une fois que l’émotion surgit, elle est la vérité pour l’instant. Pourquoi ? Parce qu’elle est là. Aussi je ne peux pas la nier. » Swami Prajnanpad

L’épuisement professionnel ou personnel

Près d’un quart des Français (23%) déclare avoir été exposé à un risque de burnout pendant le confinement, dont 9% qui le vivent actuellement. Les jeunes (18-24 ans) sont particulièrement exposés avec 19% qui ont été dans cette situation et 27% qui le sont actuellement [1].

30% des télétravailleurs confinés estiment que leur santé psychologique s’est dégradée.  28% estiment que leur charge mentale a augmenté. 39% ont du mal à articuler temps de vie professionnel et personnel. Parmi les télétravailleurs avec enfants, 47% ont des difficultés à assurer le travail à distance tout en devant s’occuper de leurs enfants. [2].

Plus largement encore que le burnout, c’est le « boreout » qui a guetté les Français durant le confinement : 28% se sont sentis proches de cette situation à un moment durant cette période (le boreout étant défini comme un état d’épuisement physique, émotionnel et mental du fait d’un sentiment d’ennui profond et continu), dont 13% actuellement… un ressenti ici aussi plus largement répandu chez les plus jeunes : 46% parmi les 18-24 ans et 38% parmi les 25-34 ans. [1].

Et vous, quel est votre constat ? Comment avez-vous vécu vos émotions ?

Quelle(s) émotion(s) avez-vous ressenti ?

Avez-vous retenu, refoulé ou exprimé vos émotions ? Vous ont-elles blessé(e) ? Vous ont-elles submergé(e), dépassé(e) ?

Vous ont-elles épuisé(e) ? Vous ont-elles paralysé(e) ? Vous ont-elles fragilisé(e), traumatisé(e) ?

Vous ont-elles aider à réfléchir ? Vous ont-elles surpris(e)? Vous ont-elles permis de prendre du recul par rapport à l’ici et le maintenant ou par rapport au futur ?

Vous ont-elles fait vivre ou manquer des petits moments de bonheur ?

Vous-ont-elles fait sortir de votre zone de confort ? Vous ont-elles mis(e) en danger ou en sécurité ?

En bref, quel(s) message(s) vous ont-elles fait passer ? Les avez-vous entendus ?

Comment gérer les émotions ?

Vous avez dit gérer ! Nous vous proposons de les accueillir… c’est à dire de les écouter, les laisser vous traverser, les reconnaître par vos sens, les nommer, comprendre leur message et enfin passer à l’action correspondante pour faire évoluer la situation.

Pourquoi accueillir les émotions ?

Les émotions font partie inhérente de notre nature humaine, nous les ressentons et tentons de les apprivoiser depuis notre plus jeune âge. Pourtant, les sensations nous submergent parfois et les conséquences ne sont pas toujours « maîtrisées».

Le mot émotion vient du latin motio qui veut dire « mouvement » et e pour « qui vient de ». L’émotion met en mouvement, elle pousse à l’action. Elle influence nos réactions et comportements face un événement extérieur.

Les émotions nous transmettent un « message » sur nos besoins qui sont satisfaits ou non. Elle nous indique les actions que nous devons mener pour faire évoluer la situation dans laquelle nous sommes.

Les six émotions primaires sont la peur, la tristesse, la colère, la honte, le doute, la joie. Elles sont parfois reliées, se mêlent, s’imbriquent. Nous ressentons parfois une émotion dominante ou une palette d’émotions. Chacune correspond à un ou des besoins spécifiques.

L’émotion va engendrer un comportement (mise en mouvement). Est-ce que mon comportement est approprié à la situation ? Est-ce que mes besoins ont été satisfaits après l’expression de mon émotion ? Est-ce que ma relation aux autres a été préservée, améliorée, détériorée ?

Pour répondre oui à ces questions, accueillir et verbaliser ses émotions sont nécessaires.

Comment reconnaître et nommer une émotion ?

Savoir écouter une émotion va contribuer à nous adapter au changement face à une situation imprévue ou dérangeante. On identifiera nos besoins pour prendre soin de soi, avant tout.

Il existe au moins trois niveaux d’écoute et nous vous proposons trois questions concrètes :

Corporel : Qu’est-ce que je ressens physiquement, dans mon corps ? Quelles sont mes sensations ? Comment je me tiens ? 

Exemple de réponse : « J’ai les mains moites », « J’ai des fourmillements ou des démangeaisons », « j’ai mal au dos », « J’ai mal à la tête », « J’ai une sensation de vertiges », « J’ai la boule au ventre pour aller travailler »

Il est parfois intéressant de faire le rapprochement entre l’expression utiliser dans la langue française et l’émotion associée, comme par exemple « avoir la peur au ventre », « se faire de la bile »

Ressenti : Comment je me sens ?  Quel est mon état d’esprit maintenant ? 

Exemple de réponse : « Je ne me sens pas bien », « Je me sens triste », « Je ne me sens pas en sécurité », « J’ai peur », « Je ressens de la joie »

Pour mesurer votre émotion, vous pouvez par exemple la situer sur une échelle de 0 à 10, le plus bas à 0 et le plus haut à 10.

Pour les enfants, des images de smileys (triste, joyeux, en colère, effrayé) peuvent leur permettre d’identifier visuellement leur émotion.

Perception : Comment les autres vivent-ils la même situation ?

Nos émotions sont le fruit de notre interprétation des événements extérieurs. C’est une représentation de la réalité vécue en fonction de nos croyances, de nos expériences, de nos valeurs. Aucune émotion n’est bonne ni mauvaise, les comportements qui en découlent ont des conséquences différentes.

Chaque personne est unique et ses représentations, valeurs, limites et besoins le sont tout autant. Avez-vous déjà réagi autrement dans une situation similaire ? Qui réagirait autrement d’après vous ?

Comment le coaching accompagne les émotions ?

Dans un espace d’écoute sécurisé et bienveillant, le regard neutre et extérieur du coach va favoriser l’accueil, la compréhension et l’acceptation des émotions de la personne. Sans jugement et avec empathie, les questionnements et exercices dédiés vont mettre en lumière les besoins réels et favoriser un passage à l’action adéquat.

Le coaching c’est un accompagnement pour cultiver son intelligence émotionnelle [3] (IE) – connaissance de soi, maîtrise de soi ou l’auto-régulation, la motivation interne, l’empathie et les aptitudes sociales – ce qui permet de traverser les situations et de se mettre en mouvement.

  • Accueillir ses émotions (sophrologie, équithérapie, coaching des émotions…),
  • Reconnaître les émotions (coaching des émotions),
  • Apprendre à les verbaliser (coaching des émotions, CNV, …),
  • Identifier et répondre aux besoins identifiés,
  • Comprendre et changer nos réactions et comportements (PNL, coaching des émotions),
  • Identifier les causes et comportements associés.

Le coaching pour faciliter le changement

Accueillir une émotion, c’est parfois voir les avantages à rester dans un inconfort pour prendre conscience qu’il peut y avoir des manières de vivre les situations autrement. Le coach vous accompagne pas à pas dans votre évolution personnelle et professionnelle :

  • Confiance en soi et en ses émotions,
  • Lever les blocages, passer à l’action,
  • Gérer son stress,
  • Poser les limites, savoir dire non,
  • Résolution de conflit interne et externe,
  • Prévenir le stress post-traumatique (RPS),
  • Faciliter le changement en équipe.

Dans certains cas, un événement traumatique nous impose un changement et nous invite à la reconstruction.

Le coaching pour accompagner le deuil et le burn-out

Le coach accompagne les différentes formes de deuil et de burn-out selon la courbe du deuil, représentée ci-dessous. Son rôle est complémentaire à un travail thérapeutique et psychologique. Il est orienté vers le futur et facilite le passage à l’action.

En collectif, chaque membre va avancer dans ces étapes à son rythme, ce qui engendre une difficulté supplémentaire dans la gestion des émotions. Le coach est un appui bienveillant et un facilitateur neutre dans cet accompagnement. Chaque coach propose des exercices selon sa spécialité (sophrologie, équithérapie, PNL, EFT, …).

Quid des émotions au-delà du confinement

La période du Covid-19 a révélé les fragilités et les vulnérabilités des hommes et des femmes au niveau planétaire avec le souci prioritaire de protéger leur santé.

Les émotions sont des ressources intrinsèques qui contribuent pleinement à notre état de santé. Elles sont les messagères des besoins individuels vécus seuls ou en collectif. Les prendre en compte dans une organisation de travail est un facteur majeur pour prévenir les risques psychosociaux, favoriser la relation aux autres et soutenir l’efficacité au travail.

Les émotions accueillies permettent une adaptation des comportements et participent ainsi au bien-être de chacun. Elles sont des leviers de performance individuelle et collective au service du développement des organisations.

« L’émotion est le moteur du changement. » Olivier Lockert

Article rédigé par : 

Christine Godard
Coach Professionnel certifiée
Evolution et transition professionnelles
Conduite du changement – Maladie et travail
www.christinegodard.com       Linkedin

Sandra Henrique
CEO happyPHOENIX
Coach certifiée – Carrière, Equilibre, Emotions, Transition
Consultante & Formatrice – accompagnement du changement
www.happy-phoenix.com    LinkedIn

Références :

  1. Sondage LinkedIn France avec l’Institut CSA
  2. Etude du télétravail en confinement par Malakoff Humanis
  3. L’intelligence émotionnelle (Comment transformer ses émotions en intelligence), Daniel Goleman, 1999 (en français)

Sources

Cette publication fait suite à une réflexion menée en intelligence collective au sein du réseau Co&axial. Nous remercions chacun des membres ayant participé à ces échanges, pour leur contribution aux Sociolabs durant le confinement.

Par ordre alphabétique :

Emilie DEPOUX, Catherine DUVINAGE, Nadine FAINSILBER, Christine GODARD, Catherine ESTADIEU GRABOWSKI, Sandra HENRIQUE, Sandrine LHOTTE, Diane LIHOREAU, Jessica RIVIERRE, Laurence VEAUVY, Céline VILBERT, Marie-Blanche PENNINGTON, Paola SPAVENTA

Lire également :
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Les apports du coaching pour dépasser la crise 
Le besoin de sécurité 

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