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Julieta Bivio

Consultante Formatrice quadrilingue. Coach terrain Management Retail

Burn out

Ce terme parle à tout le monde aujourd’hui et pourtant, il était complètement tabou auprès d’une grande majorité de la société il n’y a pas si longtemps.

Je me souviens qu’à cette époque, j’en rigolais moi-même : encore un terme à la mode pour dramatiser un coup de fatigue ! Pourtant, il touche un nombre de plus en plus nombreux de salariés dans les entreprises.

Nous vous proposons un article très personnel pour mieux identifier de quoi il s’agit au travers de l’expérience de Julieta. Et pour mieux  comprendre quelles voies emprunter pour transformer expérience si douloureuse en un voyage intérieur.

 Un jour, une histoire. Le burn out… ça m’est arrivé !

Moi, le manager dynamique, avec deux beaux lancements de boutique derrière moi, toujours sur le qui-vive, était à des années lumières de considérer le problème alors qu’ironie du sort, j’étais moi-même en train de vivre un burn-out sans m’en rendre compte !

J’étais dans la même entreprise depuis douze ans, et malgré toutes ces années au compteur, chaque jour était comme mon premier jour. Je me mettais la pression toute seule.

J’avais été débauchée pour participer à l’essor d’une marque de prêt-à-porter : mon rôle était de mener le lancement des deux premières boutiques, à Paris. Pour moi, c’était une consécration. J’étais motivée par l’idée de relever le challenge et de faire partie de l’histoire de la marque. Mon ego était flatté. Et, en effet, les enseignes ne tardèrent pas à se multiplier

C’était une expérience de vie extraordinaire. J’ai découvert mes propres ressources. Et, surtout, j’avais envie d’être à la hauteur de ma supérieure hiérarchique, que je voyais comme un mentor.

J’ai bientôt été sollicitée pour organiser et superviser l’ouverture d’un flagship, rue Saint-Honoré.

C’est là que j’ai passé la majeure partie de ma carrière de manager. J’y ai beaucoup appris, sur les gens et sur moi-même. J’ai appris à voir le potentiel de mes équipes, à lire le meilleur dans chaque personne et dans chaque situation. J’étais aveuglée par le chiffre d’affaires alors que l’être humain a toujours été pour moi important. À ce moment-là de ma carrière de manager, j’avais aussi une grande exigence personnelle, au point que les résultats commerciaux étaient devenus une drogue. Plus l’enseigne avait de succès, plus j’en voulais.

J’étais dans la performance, car j’estimais que je pouvais toujours « donner plus et aller toujours plus haut ».

Sans m’en douter, j’étais entrée dans un engrenage qui allait me conduire jusqu’au burn-out. En plus de la pression que je m’infligeais sur les résultats de ma boutique, je me suis peu à peu rendue compte du système dans lequel le monde professionnel évolue. Aujourd’hui, difficile de rester sur le même poste plus de 5 ans : le monde de l’entreprise est régi par certaines croyances, et on considère généralement qu’au bout de 5 ans, l’employé est figé dans sa zone de confort.

Je me suis mise à craindre qu’on me considère dans ma zone de confort et je me suis mise une pression énorme pour être toujours dans la progression, dans le challenge. J’étais de plus en plus exigeante envers moi tout en plaçant ma hiérarchie sur un piédestal puisque la marque était devenue mon « bébé » que j’ai vu grandir.

Ce qui s’est joué derrière mon burn out

Comme dans toute entreprise, il y a eu des changements, notamment de personnel au sein de la hiérarchie. De fil en aiguille, je me suis sentie forcée à accepter une mutation : on m’a tendu une simple feuille indiquant mon changement d’affectation effectif le mois suivant. Cela m’a profondément blessée car j’ai eu le sentiment qu’on balayait toutes mes années d’efforts, toutes ces années que j’avais données à l’entreprise avec une simple signature : Frustration, sentiment d’incompréhension, d’injustice, et toutes les souffrances qui accompagnent ces émotions.

Aujourd’hui, cette expérience de vie me permet de mieux comprendre les mécanismes parfois pervers qu’on peut développer dans l’environnement professionnel et toute l’importance qu’il y a à respecter chacun de ses domaines de vie.

À ce moment de ma carrière, je prenais tellement à cœur les responsabilités qu’on m’avait confié que je faisais passer l’entreprise avant tout le reste, si bien que j’en oubliais la première de mes responsabilités : celle que j’ai vis-à-vis de moi-même.

L’épanouissement au travail n’est pas possible si on place tous ses chevaux de bataille sur le domaine professionnel. Il est essentiel de consacrer du temps à soi, à sa famille, à ses amis et à son intimité si on ne veut pas creuser un déséquilibre aux effets dévastateurs.

C’est au fil de ma formation de coach que j’ai pu découvrir les grilles de lecture qui m’ont permis de comprendre les mécanismes inconscients que j’ai développé tout au long de cette expérience.

  • Le besoin de reconnaissance.

Au final, la seule personne qui me mettait la pression, c’était moi et moi seule. J’en attendais trop de moi et transposais cette attente à mes supérieurs hiérarchiques, de qui j’espérais de la reconnaissance. Je voulais qu’on reconnaisse l’importance de mon travail, qu’on comprenne ce que j’avais donné et les sacrifices que j’avais faits. Ces sacrifices, j’ai fait le choix de les faire, mais à aucun moment ma hiérarchie ne les avait exigés de moi.

Une implication saine dans son travail demande de savoir aussi se détacher et de se respecter soi-même comme on respecte les autres. Si je ne respecte pas mes propres limites, comment les autres pourraient les respecter ?

La vallée du changement

Après un burn-out comme après toute grosse rupture, on est amené à vivre une période de deuil. Le deuil ce n’est pas seulement lorsqu’on perd un être cher mais aussi la perte de toute chose. Celui-là passe par plusieurs étapes, plus ou moins longues selon les personnes, jusqu’à l’acceptation. J’étais dans le déni tout d’abord, puis en colère, au point d’atteindre la dépression jusqu’au burn-out.

C’est là que le coaching prend tout son sens.

C’est un travail de longue haleine, car on peut parfois croire être passé à autre chose alors qu’en vérité, l’expérience n’est pas tout à fait digérée.

Cela a été mon cas. Quelques mois plus tard, après avoir pris la décision de faire une formation de coaching pour rester au contact des gens, et pour mettre à profit ce que j’avais appris de l’humain au fil de mes expériences, j’ai remarqué que j’avais encore des blocages.

Grâce aux grilles de lecture que me fournissais le coaching, j’ai découvert que j’étais passée par une phase où j’étais la victime : je renvoyais toute la responsabilité sur « l’autre ».

Quand le coaching est garant des moyens, mais que le résultat vient de soi

Finalement, j’avais pris toute la responsabilité de mon « sentiment d’échec », sans prendre en compte que, dans toute relation, nous avons une responsabilité qui nous appartient. J’étais dans le triangle dramatique.

Le coaching n’est pas un phénomène de mode, n’est pas la solution à nos problèmes car c’est au coaché d’être en action. Mais il permet une prise de conscience sur ce que l’on vit, car cela nous met en action. Nous sommes les seuls décideurs de nos choix.

Cette expérience m’a donné de la matière pour continuer à me développer personnellement et professionnellement. Car chaque jour est un apprentissage, je suis toujours autant passionnée par le monde du retail et l’énergie du terrain.

A toutes les organisations, je conseillerais de recourir au coaching non seulement pour accompagner les conséquences du burn out mais aussi pour le prévenir. Un chemin d’une grande puissance pour permettre à vos collaborateurs de conserver leur équilibre et de préserver leurs besoins fondamentaux.